Le sapin blanc est une espèce d’arbre importante du point de vue du changement climatique. Afin de pouvoir mieux l’étudier, une équipe internationale, avec la participation de l’Institut fédéral de recherches WSL, a décrypté tout le matériel génétique d’un sapin blanc du canton de Zurich.
L’inscription « AA_WSL01 » a été écrite en bleu sur un sapin plutôt discret dans la forêt de Ramerenwald de Birmensdorf (ZH). L’ADN ayant permis d’obtenir le premier génome décrypté d’un sapin blanc, c’est-à-dire son matériel génétique complet, provient de ses graines et de ses aiguilles. Notre sapin indigène n’est que la sixième espèce de conifère au monde dont la séquence génomique est connue. Un défi qui n’était pas des moindres, car les conifères possèdent un très grand matériel génétique, avec de nombreux segments d’ADN similaires et qui se répètent.
Le séquençage a donc représenté un véritable tour de force, lequel n’a été rendu possible que grâce à une collaboration internationale. Au total, l’équipe de recherche a déchiffré 18 milliards de paires de bases – les éléments constitutifs individuels du matériel génétique. C’est six fois plus que ce que compte le génome humain.
Un sapin adapté à chaque endroit
Le sapin blanc fut l’arbre de Noël par excellence à partir du XVIIIe siècle, avant d’être supplanté par le sapin de Nordmann dans les décorations de Noël car celui-ci se conserve mieux. Conséquence du changement climatique, l’espèce connaît aujourd’hui un regain d’intérêt dans la sylviculture, notamment pour remplacer les épicéas et les hêtres, très importants pour l’économie mais qui, dans un climat plus chaud et plus sec, se développeront probablement moins bien que les sapins. Jusqu’à présent, le sapin blanc était plutôt désavantagé car les chevreuils sont particulièrement friands des jeunes pousses. Comme les populations de chevreuils augmentent beaucoup en l’absence d’ennemis naturels, les arbres sont souvent protégés par des clôtures ou des bâches en plastique.
La protection du sapin blanc nécessite du temps et de l’argent mais cela en vaut la peine si, grâce aux analyses du matériel génétique, les forestiers peuvent sélectionner les arbres les mieux adaptés à un site donné. Déjà aujourd’hui, de nombreux forestiers poursuivent la stratégie de conversion de peuplements purs d’épicéas du même âge en forêts mixtes d’épicéas, de sapins et de hêtres. Le décryptage du méga-génome du sapin pectiné est ainsi un investissement pour une espèce forestière importante du futur et donc pour une gestion durable des forêts.
Mosca E, Cruz F, Gómez Garrido J, Bianco L, Rellstab C, Bazin E, Brodbeck S, Csilléry K, Fady B, Fladung M, Fussi B, Gömöry D, González-Martínez SC, Grivet D, Gut M, Hansen OK, Heer K, Kaya Z, Krutovsky KV, Kersten B, Liepelt S, Opgenoorth L, Sperisen C, Ullrich KK, Vendramin GG, Westergren M, Ziegenhagen B, Alioto T, Gugerli F, Heinze B, Höhn M, Troggio M, Neale DB 2019. A reference genome sequence for the European silver fir (Abies alba Mill.): a community resource in support of climate change research. G3—Genes, Genomes, Genetics doi: https://doi.org/10.1534/g3.119.400083