La grande banque UBS prévoit de prendre de la hauteur : à Zurich Altstetten, juste au nord de la gare, elle envisage de construire une tour de 108 mètres, selon les informations de la banque.
Avec cette tour, l’UBS souhaite remplacer un ancien bâtiment sans prétention datant des années 1970, appelé en interne « VZA 1″, et continuer à concentrer ses bureaux en ville. Depuis 2010, la grande banque a déjà réduit le nombre de ses sites urbains de 54 à 19. A l’avenir, la banque devrait surtout s’orienter vers l’axe Altstetten-Europaallee-Bahnhofstrasse-Paradeplatz, bien desservi par les transports publics.
Aujourd’hui, l’ancien bâtiment de la Max-Högger-Strasse 81 emploie environ 750 personnes et abrite également l' »Université UBS ». Si la nouvelle tour est construite telle qu’elle a été conçue par les architectes autour du Japonais Kengo Kuma et du bureau suisse Itten + Brechbühl, elle pourrait accueillir jusqu’à 2700 personnes. Les chiffres ne sont toutefois pas comparables un à un ; beaucoup dépendent de l’aménagement des postes de travail.
UBS veut créer un sentiment de campus
L’UBS veut continuer à utiliser la tour pour ses employés, mais aménager les bureaux de manière plus moderne. Cela signifie par exemple : au lieu de bureaux individuels, davantage de lieux de rencontre pour le travail en équipe. Au rez-de-chaussée, il est prévu de créer des offres de restauration publique. De plus, l’UBS, qui possède également le bâtiment d’en face (« VZA 2 »), veut verdir l’espace extérieur et le rendre plus attrayant. Il s’agit de créer un sentiment de campus, explique Harald Egger, responsable de la stratégie immobilière en tant que chef d’UBS Group Corporate Services.
L’orientation vers une architecture permettant davantage de travail en équipe que de travail individuel a déjà commencé depuis longtemps dans les entreprises, mais la pandémie a encore accéléré sa mise en œuvre. Le site d’Altstetten est très bien desservi par les transports, ce qui permet de faire plus souvent la navette pendant la journée entre les sites UBS de la ville et ceux d’Altstetten, comme le dit Harald Egger.
La densification de la gare d’Altstetten progresse
Il devrait encore s’écouler un certain temps avant que la construction ne soit effectivement réalisée. L’UBS prévoit une ouverture au plus tôt en 2029. Le chemin n’est pas non plus sans obstacles. Le plan d’aménagement est d’abord mis à l’enquête publique, puis le conseil municipal et le conseil communal doivent l’approuver.
Avant que le plan d’aménagement ne soit soumis à l’approbation du canton, il existe un délai de 60 jours pendant lequel un référendum peut être lancé, selon Meret Peter, responsable de la communication à l’Office de l’urbanisme. Si ce délai n’est pas utilisé et que le canton approuve le plan d’aménagement, il y a un délai de recours de 30 jours. Si ce délai n’est pas non plus utilisé, le plan d’aménagement est mis en vigueur par le conseil municipal. S’ensuit la procédure concrète d’autorisation de construire.
Le chemin pour y parvenir est certainement encore long – la banque elle-même semble en être consciente. D’une part, une opposition aux immeubles s’est formée à Zurich, comme le montre l’exemple des deux tours du nouveau stade prévu au Hardturm. Les riverains de Höngg, en face, craignent l’ombre portée des nouveaux bâtiments. L’UBS a l’avantage d’être elle-même leur plus proche voisine.
De plus, son projet respecte les valeurs de référence que la ville a fixées dans son plan directeur pour la zone autour de la gare d’Altstetten. Le fait qu’une tour doive être construite au 81 de la Max-Högger-Strasse n’est donc pas une grande surprise. En effet, la ville et le canton de Zurich souhaitent que les logements et les emplois soient construits en priorité dans des endroits bien desservis afin de mettre un terme à l’étalement urbain.
Beaucoup de bois et de verdure
La construction de l’UBS doit bien entendu être durable : beaucoup de bois sera utilisé, des installations photovoltaïques bordent la façade, de sorte que le bâtiment produira presque autant d’énergie qu’il n’en consomme. L’UBS rejoint ainsi une série de banques suisses. Le nouveau siège de la banque privée genevoise Lombard Odier, en cours de construction et conçu par Herzog et de Meuron, doit lui aussi répondre à des exigences particulièrement élevées en matière de durabilité dans la construction et l’exploitation, tout comme les projets de sa concurrente Pictet au sud de Genève. Après tout, les banques ont inscrit la durabilité sur leur drapeau et dans leurs rapports annuels, elles doivent donc aussi construire vert.
L’UBS décrit « l’architecture biophile » comme le cœur de son concept. Des espaces extérieurs verts en cascade s’étendent en spirale du rez-de-chaussée jusqu’au toit. Les utilisateurs du bâtiment doivent ainsi être reliés le plus étroitement possible à la nature.
Une revalorisation ferait également du bien à la zone située au nord de la gare d’Altstetten, autour de la Vulkanplatz. Aujourd’hui, le quartier n’est pas vraiment idyllique. La voie ferrée et l’autoroute encombrent les quelques rues, et les immeubles de bureaux qui les séparent sont un peu isolés et n’invitent guère à la détente. La Vulkanplatz, avec le terminus du tramway 4, n’a pas encore perdu son caractère provisoire.
Le nouveau bâtiment de l’UBS doit aussi contribuer à animer le quartier. Le plan d’aménagement prescrit par exemple des utilisations orientées vers le public au rez-de-chaussée. « De telles offres accessibles au public sont tout à fait dans l’esprit de la ville », explique Meret Peter. Le développement interne doit se faire de manière compatible avec le quartier. « Nous essayons d’exercer une influence sur ce point ».
Il ne s’agit pas seulement de la qualité architecturale, mais aussi de la création de chemins piétonniers utilisables par le public ou de prescriptions relatives à la végétalisation, qui vont jusqu’à la plantation de végétaux à haute valeur écologique sur les toits plats. Les maîtres d’ouvrage sont aujourd’hui de plus en plus disposés à adopter de telles solutions, explique Peter. « Eux aussi sont conscients qu’ils dépendent de l’acceptation de la population. Les temps ont changé ».
Le nouveau bâtiment de l’UBS s’intègre dans la « couronne d’immeubles » allant de la gare de Hardbrücke à Altstetten. Avec ses 108 mètres, il n’arrive toutefois qu’en quatrième position dans le classement des plus hauts immeubles zurichois. En tête, avec 137 mètres chacun, on trouve les tours du stade prévues sur le site du Hardturm, devant la Prime Tower avec 126 mètres ainsi que le silo à grains Swissmill de 118 mètres.
Neue Zürcher Zeitung